Le calme après la tempète...

Nyrah se sentait entourée d'un nuage cotoneux de chaleur. pas la chaleur brûlante de Syan, une douce chaleur... une cheminée... Une maison... Un lieu rassurant.

Tout était noir mais son esprit était en éveil, elle n'entendait rien, mais ce calme lui faisait un bien fou. C'était comme si son âme était éveillée mais que son corps ne voulait plus bouger.
L'athmosphère autour d'elle était ouatée, elle se sentait a l'abris.

Soudain, un cri de fureur, pareil a un cri d'agonie résonna au fond de son coeur.
*Syan...*

Nyrah s'éveilla en sursaut, le front en sueur, ses paumes se posèrent sur le matelas mais un nouveau sursaut, de douleur cette fois, les lui fit enlever. Par reflexe elle regarda ses mains... douloureuses mais étonnement propres, les coupures et entailles ne formaient plus que de fines ciselures rouges sur sa peau blanche.

Même dans cette sorte de sommeil Nyrah avait senti la présence d'aZn auprès d'elle, elle tourna le visage vers lui, les épaules crispées par le sursaut.

Ou sommes nous...?

Le décors était loin de lui être familier mais elle s'y sentait bien... Ils étaient seuls... et un silence absolut regnait ici.
Nyrah sentit toute la tension accumuler en elle la quitter tandis que son dos se détendait... Et sans qu'elle puisse y faire quoi que ce soit, des larmes commencèrent a couler sur ses joues, un flot de perles translucides qui doucement s'échouaient dans les couvertures.

Elle ne prit même pas la peine de cacher ses larmes, fixant toujours le visage d'aZn sans un mot de plus...

Son regard était perdu sur le visage de la sorcière, et son esprit perdu entre ses pensées reposantes.

Le réveil en sursaut de la jeune femme fit également sursauter aZn, renversé par ce qui avait brisé le calme absolu qui régnait dans la pièce.
Apercevant qu'elle était légèrement agitée, comme si elle avait cauchemardé, le sorcier se leva tout de suite de sa chaise pour s'asseoir à ses côtés, sur le matelas moelleux.

Il épongea le front de cette dernière du dos de sa main, révélant le mélange de sang sec encore présent sur ses avant-bras. La surprise était la même pour lui que pour elle, son application à soigner Nyrah était telle qu'il avait oublié de penser à son propre état.

Par simple réflexe, il abrita cette vision des yeux de la jeune femme pour qu'elle ne s'inquiète pas, bien qu'il était sans doute trop tard.
Son effort pour cacher la réalité était vain, et il se résigna bien vite à reprendre une pose tout à fait normale, naturellement sereine. Cet apaisement se ressentait également dans la douceur habituelle de sa voix.

Nous sommes chez un de mes amis. C'est ici que je loge en attendant d'avoir à nouveau ma propre hôte.

Le coeur d'aZn avait du mal à supporter les pleurs de Nyrah, c'était comme s'il se rétractait sur lui-même, froissé dans sa propre chaleur ; cette sensation emportait le Reikon dans un état de mal-être assez prononcé.

Il déposa délicatement sa main sur la joue de la sorcière, essuyant les larmes naissantes à l'aide de son pouce. Ses émeraudes étaient plongés dans les yeux humides de la jeune femme, et le léger sourire réconfortant du sorcier priaient les flots de s'arrêter.

A nouveau, il montra par ce geste son avant-bras d'une couleur rouge sang légèrement estompée, qu'il sembla également évoquer lorsqu'il prononça les quelques mots :

Tout va bien...

Tout va bien…

Elle inspira profondément avant de fermer les yeux quelques secondes. Il avait chassé les larmes et les nuages de son esprit semblaient se dissoudre comme après un orage

*Chez un ami*

L’air était rempli d’un calme serein tandis qu’elle reprenait doucement contrôle de ses émotions.
Nyrah laissa son visage retomber vers les avants bras d’aZn, remarquant pour la troisième fois les demi-lunes sanglantes et les sillons de sang séché qu’avait laissé l’empoignade de Syan.
Son visage se figea dans la plus totale inexpressivité, comme si elle cherchait un comprendre sans vraiment le vouloir.

C’est elle qui… aZn je suis désolée…

Nyrah ressentait une drôle de douleur dans le cœur qui lui donna un sentiment d’inconnu qui la fit opiner du visage sur le côté inconsciemment.
Finalement elle laissa retomber son visage contre l’épaule d’aZn, doucement, comme si sa tête était trop lourde, avant de murmurer…

J’ai peur…

Sa voix était neutre, il ne ressortait rien du sentiment qu’elle pouvait éprouver… En vérité Elle ne parlait pas seulement des excursions plus que fréquentes de sa sœur, mais ça elle était la seule a le savoir…

Je ne veux pas qu’elle te fasse de mal… Ni a personne d’autre, mais j’ai de plus en plus de mal a…

Les mots avaient un mal fou a sortir, comme d’habitude elle se faisait violence pour s’exprimer

Depuis que Syan s’est battue avec Kihalyss j’ai... De plus en plus de mal à la garder a l’intérieur, j’ai peur qu’elle aille trop loin, peur de te perdre a cause d’elle... A cause de moi…

Elle parlait un peu plus vite, comme pressée par quelque chose, elle releva le visage et se mit à fixer intensément les mains d’aZn, puis les siennes avant de revenir sur le visage du sorcier, figeant ses prunelles claires dans son regard.
Elle resta sans bouger quelques secondes les lèvres entrouvertes comme si elle cherchait ses propres réponses dans les yeux du sorcier.

Je crois…

Elle soupira l’air excédée par ses propres faiblesses.

Je le sais… Que je t’aime… Et pour ça elle te haïra plus que tout…
Je ne peux pas laisser faire…

Elle ne savait pas vraiment si elle avait dit tout ce qu’elle voulait, mais la perspective d’une hypothétique suite l’avait de nouveau figée, la même douleur sourde au cœur.

Attentif, le magicien écoutait les propos de Nyrah résonner dans le calme prédominant entre les quatre murs de la chambre. Malgré le sujet assez tendu de la conversation, l'atmosphère se voulait réconfortante, apaisante. Comme si le temps continuait sur la planète sœur, mais que cette pièce était coupée du monde, complètement isolée du moindre bruit ou mouvement…
Cette atmosphère semblait vouloir dire qu’au final, ce n'était pas si grave…

Jamais il n’avait coupé la parole à la sorcière, les seules réponses qui lui venaient à l'esprit restaient ancrées au fond de son pensées. Il se contentait d’écouter sans broncher, prenant Nyrah dans ses bras comme pour l'aider à déloger ce qu'elle avait sur le cœur. Tant bien que mal, aZn essayait de cacher ses expressions avec le même masque de poupée placide qui la Mizu portait si bien naturellement.

En réalité, au fond de son âme, lui aussi avait peur de l’avenir. Peur de l’inconnu, peur de la mort que pouvait lui offrir Syan à n'importe quel moment.
Mais cela n'avait aucune importance…

Il savait désormais quelle vie il voulait mener ; c'était celle aux côtés de Nyrah, et aucune seconde de réflexion n'était nécessaire pour faire ce choix, aussi grave qu’il pouvait être.
Peur de la perdre…

Son regard se détourna des perles argentées de la sorcière, simple réflexe témoins d'une timidité encore présente. Bien que ses yeux fuyaient, ses mots n'avaient rien d'un mensonge. Sa sincérité n’avait jamais été telle avec n'importe qui d'autre.

J’ai peur moi aussi… Pour toi. Je resterai près de toi jusqu'à ce que le destin en décide autrement.

Il passa sa main dans les longs cheveux blonds de la jeune femme, s'arrêtant enfin pour caresser l'arrière de la tête de cette dernière. Il parlait doucement, le regard perdu dans les vagues que formaient les couvertures molletonnées.

Penses-tu qu’il soit possible de l’éliminer ..?

Il avait pensé à voix haute, posant la question sans réelle conviction, sans espoir que la réponse à cette dernière soit positive.

Bien qu’elle ait évoqué Kihalyss, nom d’une vague connaissance d'aZn, ce dernier ne pouvait s’empêcher de se répéter machinalement qu’il était le coupable des interventions de plus en plus fréquentes de la petite sœur.

*Tout est de ma faute...*

Ces quelques mots résonnaient sans fin dans sa tête, comme une torture psychologique, une propagande dont il était la seule cible. Le sorcier fronça les sourcils, fermant ses paupières comme si une douleur crispait tous ses membres. Ses mains abandonnèrent les cheveux clairs de Nyrah pour se loger dans les siens.

C’était comme un combat intérieur pour le magicien ; d’un côté, son impression de culpabilité était tellement intense qu’il pensait que la meilleure chose serait de se séparer de la jeune femme à jamais…
De l’autre côté, il ne voulait pas penser à une telle chose, et faire totalement le contraire de ce qui lui était suggéré « pour le bien de Nyrah » et pour le sien.

Ses doigts s’étaient encore plus crispés sur son cuir chevelu, ses tempes battaient au rythme d’un roulement de tambour, et la chaleur de la sueur commençait à se faire remarquer sur son front. L’intensité du moment était telle qu’il relâcha tout l’air qui était contenu dans ses poumons d’un seul coup, retombant la tête sur l’épaule de la sorcière. Il l’enlaça tendrement, comme si elle était ce qui comptait le plus au monde pour lui.

Aucun mot ne sortait de sa bouche, il ne faisait que de profiter du moment… À quoi bon être fataliste alors que le bonheur, si simple soit-il, se trouvait à quelques centimètres de lui…?

S’éloigner, mettre une distance définitive entre eux, elle y avait déjà pensé… Mais la seule évocation de cette idée lui donnait le vertige mais, le visage d’aZn près de son épaule, ses bras autour d’elle mirent un terme brutal à ces pensées moroses.
Sa gorge se noua, ses muscles se tendirent comme dans un sursaut imperceptible avant de se détendre de nouveau. C’était agréable, inconnu, doux et effrayant.
Elle sentait son cœur battre dans ses tempes et le bout de ses doigts, comme un picotement intense et rythmé.

La question qu’avait posée aZn quelques secondes plus tôt vint rôder dans sa tête, en vérité elle ne s’était que rarement posé elle-même cette question et elle ne connaissait pas la réponse.
A chaque fois que cette idée lui avait traversé l’esprit, des images d’un après midi sanglant lui revenait, accompagné de culpabilité et de honte…
Syan, sa sœur… l’éliminer définitivement… Comment ?

La joue de la sorcière près de la tempe du sorcier se crispa au moment ou ses pensées se focalisèrent sur la question.
Que s’était-il passé ce soir la, quel sorte d’énergie avait réussi a imposer l’âme de sa sœur a la sienne… Elle ne le savait pas non plus.

Je… Ne sais pas

Et il n’y avait rien de plus vrai, Nyrah ressentait une impuissance pesante. Ses mains étaient restées sur ses genoux, la chaleur d’aZn l’envahissait comme une douce torpeur.
Doucement elle releva le visage et se recula lentement, plaçant son regard à quelques centimètres de celui du sorcier. Le bout de son nez frôlait le sien, elle avait le même air qu’a leur première rencontre, calme et résolu… Mais cette fois quand elle parla, son cœur était pris dans un feu douloureux, elle le savait, de sa réponse dépendrait beaucoup de choses, pour elle, pour eux.

aZn, est-ce que tu nous vois un avenir… A tout les deux ?

Elle préféra garder son avis pour elle, ne voulant pas influer sur la réponse a venir, aussi douloureuse soit-elle.
La raison appelait une réponse mais son âme tout entière en suppliait une autre. Elle était raide comme une statue, son masque de marbre semblait imperceptiblement fendu et sa lèvre se mit a trembler.

La question avait eu l’effet d'une gifle brutale pour le jeune homme. Lui qui voulait oublier cette situation difficile, l’effacer totalement de son esprit, au moins pour les quelques instants qu’il pourrait passer en sa compagnie…
Il ne recherchait que l’ignorance… C’était la seule chose qui pouvait le livrer au bonheur pourtant si irréaliste et invisible qui s’offrait à lui.

Le peau de ses lèvres disparaissait peu à peu sous le mordillement nerveux du sorcier. Son cœur battait à la chamade, tandis que son expression de sérénité avait totalement disparu de son visage.

Inévitablement, ses pensées étaient bafouées par le stress ambiant, par le manque d’air que ses poumons lui avaient fait remarquer, bien que ces derniers ne soient pas assez volumineux pour pouvoir contenir autant d'oxygène qu’ils le réclamaient.

À ce moment, il n’était qu'assez conscient que pour jurer sur Syan, pensées qui ne l’amèneront à rien, si ce n’est l’irriter davantage. Le trop-plein d’émotions le rendait incapable de réfléchir correctement, complètement impuissant devant ce que la raison essayait d’imposer à son âme.

Il imagina ce que serait sa vie plus tard, dans les deux cas possibles…

Soit, il se concevait une vision du futur identique à celle du présent, mais aucune autre image que des yeux d’un vert oxyde, remplis de haine, ne parvenaient à son esprit.

Sinon, il s’imaginait complètement seul, livré au froid des blizzards. Son chalet reconstruit, aussi resplendissant qu’il puisse paraître, n'était qu'à ses yeux une hôte morbide perdue entre les arbres blancs. C’était le lieu où son corps devrait se séparer de son âme, remplie d’affliction et de désespoir… Le lieu où il devrait se trouver avant d'aboutir dans un paletot de bois.

Ses paupières se dilatèrent pour revenir à la réalité, fuir cette rêverie d'un rude hiver…

Le visage de la sorcière était toujours à quelques centimètres du sien, elle avait l'air de souffrir autant que lui à l'attente toujours plus longue d'une réponse. Il semblait que même si cette réponse était la plus atroce qu'il soit, elle serait réconfortante...

Le jeune homme restait figé, seuls ses yeux voyageaient sur les traits du visage de Nyrah… Pour enfin laisser ses mots filer entre ses lèvres. La réponse avait été spontanée puisque, pendant les quelques dizaines de secondes de silence, il avait été complètement incapable de méditer.

Je… Oui, bien sûr…

Hésitant à continuer, il se laissa finalement aller d’un naturel déconcertant.

Même si elle me tue... Au moins, je mourrai heureux…

Il s’arrêta un instant, soupira comme si le mot suivant était inévitable.

Mais…
Ce n’est sûrement pas la meilleure chose pour toi.

Sa gorge s’était nouée à l’extrême, à un tel point que la douleur en devenait insupportable. De la même manière, ses bras resserraient leur étreinte.

Je ne t’oblige à rien… Fais ce que tu penses être le mieux. Je ne veux pas que ton existence devienne invivable par mon unique faute…

Il disait cela mais son comportement, le ton de sa voix ainsi que son regard exprimaient totalement l’inverse.
Sa gorge s'avérait être la dernière barrière qui empêchait des larmes éternelles de couler…

Le temps lui semblait s’allonger a l’infini, le regard, le cœur et l’esprit suspendus aux lèvres d’aZn et a cette réponse qui semblait ne jamais vouloir venir.

*hésitation… Certitude… ? *

A l’instar du sorcier, elle songeait a ce que pourrait devenir son futur… Mais à chaque fois qu’elle tentait de l’imaginer sans lui, ses pensées butaient contre une sorte de brume nébuleuse et opaque diffusant une douleur aiguë dans tout son corps.
Elle vida donc sa tête de toute pensées. Sa lèvre tremblait de plus en plus et elle lutta pour y mettre fin en la saisissant doucement entre ses dents.

Je… Oui, bien sûr…

Elle sentit de nouveau battre son cœur dans ses tempes.

Mais…
Ce n’est sûrement pas la meilleure chose pour toi.

…

Je ne t’oblige à rien… Fais ce que tu penses être le mieux. Je ne veux pas que ton existence devienne invivable par mon unique faute…

Elle opina du chef sur le côté comme si elle ne comprenait pas bien ce qu’il venait de dire, à l’intérieure sa raison se confrontait à ses émotions.

*Le mettre en danger… l’aimer ? *

Elle essayait de lire dans le regard d’aZn et ce qu’elle y vit s’imposa dans sa tête comme une sorte de reflet d’elle-même. Ils voulaient une chance, demandant silencieusement l’assentiment l’un de l’autre.
Ses doigts se refermèrent sur du tissu lorsque ses mains se crispèrent comme mues d’un menu sursaut qui la rappela à la réalité.

Il était devant elle, la seule personne en qui elle avait réussi à placer sa confiance, le seul qui la faisait sourire…

*… Pas la meilleure chose pour toi *

Elle dégagea un de ses bras avec douceur avant de poser sa main sur la joue du sorcier, dessinant du bout des doigts les traits de son visage avant de dégager de son front une mèche de cheveux noirs.

La meilleure chose pour moi, c’est toi.

Plus humidifiés qu'auparavant, les yeux du jeune homme semblaient parler pour lui. Ce qu'il ressentait à ce moment était au-delà des mots, comme son regard le montrait si bien, perdu dans une tendresse infinie.

Au fond de lui-même, la raison étaient toujours présente, bien qu'écrasée par les sentiments du sorcier. Celle-ci voulait lui rappeler la situation, les apparitions de plus en plus fréquentes de Syan... mais en vain.
Cette raison était loin, au plus profond d'un abîme, et elle n'arrivait plus à se faire entendre par aZn.

Ses mitaines se déposèrent délicatement sur les joues de Nyrah, en même temps que leurs lèvres entrèrent en contact, entamant un long baiser langoureux imbu à la fois de passion et de douceur.

L'instant était d'une rare féerie ; toutes les pensées moroses qui le ceinturaient s'étaient éclipsées au profit d'un bonheur qui lui, s'avérait sans fin, à l'image de l'amour qu'il portait à Nyrah.
Inconsciemment, son corps basculait lentement, invitant l'autre à faire de même.
Ses pensées s'étaient livrées à une évasion totale, loin de la réalité des choses ; reprenant en chemin le voyage dans lequel elles étaient perdues quelques instants avant. Seule l'illusion pourtant si réelle d'un avenir incessamment heureux occupait son esprit.
Le bout de ses doigts avaient abandonné le visage de la sorcière pour voyager avec ivresse le long de son corps.
Il sentait la chaleur de la jeune femme le conquérir, ne désirant plus qu'une chose : que ce moment soit sans fin...

Il recula enfin son visage de quelques centimètres, faisant tomber quelques mèches sombres aux abords de son visage. Au vu de la façon dont ses yeux s'étaient ouverts, on aurait dit qu'il sortait d'un rêve magnifique.

C'est la même chose pour moi, Nyrah...

Un sourire léger comme l'air se dessina sur son visage.

Laisse-moi vivre avec toi... Aussi longtemps que possible.

Il ne savait que trop peu quelle vie il allait désormais mener, mais peu importait ; son bonheur, c'était celui de faire celui de Nyrah.

Entourée de chaleur, elle aurait même pu en oublier sa propre existence.
Elle sentit a peine son corps basculer et, quand sa tête toucha l'oreiller, elle ouvrit des yeux ronds qui trouvèrent aussitôt le regard du sorcier qui reculait doucement le visage

Ils pouvaient se donner une chance, et l'espoir même de cette idée dessina un sourire sur ses lèvres bleutées.
Leurs deux sourires se répondaient et, ainsi, ils ressemblaient a deux enfants enfants... Mais après tout, peu importait, ils étaient seuls tout deux a savourer ce moment.

*Aussi longtemps que possible...*

Et ce temps la elle comptait bien en profiter, tout le temps qu'on lui laisserait auprès de lui... Elle se battrait pour ça, contre Syan et contre ses propres faiblesses.

Je te promet... Je me battrais pour nous...

Elle avait murmurer, mais leurs visages étaient encore si près qu'il n'avait surement eut aucun mal a l'entendre.

* Mais moi aussi je vais me battre...*

l'injection, faible et rauque, comme maladive, passa inapeçue, Nyrah ne l'entendit même pas...

* Profite, c'est l'instant... je prépare ma vengeance...*

Tout comme l'autre, la menace se perdit sans percuter les pensées de Nyrah, seulement cette fois, la eune femme ressentit une drôle de douleur dans les tempes, suivit d'un bruit crissant, comme si ses tympans avaient été percés. Elle fronça les sourcils imperceptibement et posa les doigts près du lobe de son oreille.
Au moment ou elle sentit le contact tiède de ses doigts, la douleur s'éteignit.

Son visage se recula encore de quelques centimètres. Le sorcier ne se lassait pas de regarder Nyrah sans un mot, avec un sourire qui semblait scotché sur sa figure.

Elle avait froncé les sourcils pendant un court moment, si court que aZn crut bon de l'ignorer. Syan était encore là il y'a une poignée d'heures, elle ne pouvait pas se manifester maintenant...

Ses yeux se détachèrent de la figure de la jeune femme pour regarder par la fenêtre. De très petits flocons tombaient doucement à l'extérieur, embellis par la lumière du soleil qui n'était, pour une fois, pas cachée par de gros nuages grisâtres.

Excuses-moi, il va faloir que j'aille donner quelques nouvelles à mon ami.

Le Reikon allait retourner dans la taverne, là où il avait quitté autant de monde qu'il n'avait pas eu le temps de remercier plus tôt. Mais il ne savait pas encore qu'il ne reverrait plus Triton avant un bout de temps...

Tu peux venir avec moi si tu veux, même si je prefèrerais que tu te reposes encore un peu.

Il se releva légèrement ; ses gestes étaient naturels au possible. Son comportement, sa façon de se tenir était totalement différente de celle qu'il avait d'habitude, le sorcier était, à ce moment, loin de sa timidité maladive qui lui fait cruellement défaut.
Une fois à nouveau habillé de sa cape plutôt sale, il déposa un très court baiser sur le front de Nyrah avant de se diriger vers la porte pour s'arrêter juste devant.
Mauvais acteur, mais pour le moins très sympathque, il mima une moue interrogative pour savoir si la jeune femme voulait le suivre ou non.

Kihalyss...

sans trop savoir pourquoi ce nom revenait a l'esprit de Nyrah... ou de Syan... Trottant maladivement entre leurs deux esprits.
Nyrah savait depuis lors que les murs qu'elle avait dressé devant sa soeur s'étaient fendus... et a qu'a chaque fois qu'elle revenait la césure se faisait plus profonde.

Les pensées malades de sa soeur gangrennaient les siennes et elle arrivait e moins en moins a dissocier les idées morbides de Syan des siennes.

*Je sais que je me battrais...*

son oreille recommença a gresiller au moment ou aZn se tournait vers elle, une mou interrogative au visage...
son tympan redevint douloureux.

c'est penible...

Elle avait l'air paniquée en même temps que perplexe et la surprise ressortait si fort sur son visage qu'elle ne paraissait pas elle même.
Pourtant si, Nyrah était là, elle plaça sa main devant son visage pour se persuader qu'elle contôlait encore son corps, avant de finalement regarder aZn.

Il était rare que Syan se manifeste alors que Nyrah gardait le contrôle... et quand cela arrivait, c'était d'habitude plus qu'éphemère.

elle est là ?

Nyrah secoua a tête, c'était a l'évidence perturbant

où tu m'as trainée toi...?

En l'espace de quelques secondes, le silence s'était installé dans la pièce, et il semblait qu'il avait dominé déjà depuis des heures tellement il était lourd.

L'air amical du sorcier disparut sur le coup, le silence pesant n'était en fait que l'effet de la crainte soudaine d'aZn.

*Cette voix...*

Il relacha finalement la clanche de la porte pour revenir près du lit. Sans un mot, il regardait le visage de la sorcière qui avait finalement l'air toute aussi perturbée que lui-même.
Aucun signe d'énervement ou de haine, des yeux d'une clarté resplendissante... Pourquoi pense-t-il à Syan maintenant ?

Le peu de peau qui restait sur les lèvres du Reikon était arrachée petit à petit par des mordillements nerveux. Reprenant conscience de qu'il était en train de faire, sa tête se détourna ; cette manière de la dévisager n'était surement pas la meilleure chose pour la mettre à l'aise.

Syan occupait de plus en plus ses pensées, malgré ses efforts pour la chasser de son esprit. Le fait même de penser à elle sans raison était mauvais signe, et ne faisait qu'affluer son angoisse.
Sans cesse, il se répétait que ce n'était que le fruit du gros manque d'heures de sommeil qu'il accusait à ce moment de la journée.

Le bout de ses doigts froids se posèrent finalement sur le haut de la main de Nyrah. Sans un mot, il attendait là, au pied du lit. Il attendait quelque chose, sans réellement savoir quoi.

Nyrah semblait aussi perplexe qu'aZn, les yeux rivés sur son visage attendant qu'il lui dise qu'elle était là... ou non.

elle sentait ses membres, et pouvait les contrôller mais ses lèvres la piquotaient et son oreille continuait de bourdonner désagréablement.

Syan tentait le retour... peut-etre trop tôt pour y réussir pleinement, mais ce qui se produisait alors semblait parfaitement singulier.

Nyrah se relava, laissant glisser la main d'aZn contre la sienne. elle se frotta les paupières comme si elle attendait que cela produise un effet quelconque.

Elle est là...

Et elle n'est pas là...

Nyrah posa le bout de ses doigts sur ses tempes

Je deviens folle... !
Nous...?
Seulement... Seulement toi !

Cette situation était des plus désastreuse, Nyrah avait l'impression de ressentir l'opression de ces deux âmes au même instant elle avait la sensation déplaisante que sa soeur la manipulait tout en sachant qu'elle ne prendrait pas le contrôle total, pas maintenant.
Elle pouvait sembler avoir perdu l'esprit ainsi... Et cette sensation l'horrifiait. De plus elle ressentait les pulsions exacerbés de Syan dans son propre coeur, c'était douloureux, comme si ses chairs n'étaient pas habituées a une telle déferlante d'émotions.

Drôle de sensation, je suis calme
Je suis toi?

c'était a n'y rien comprendre, Nyrah fit quelques pas dans la piece sans trop savoir ou elle posait les pieds, se cognant dans un coin du lit avant de s'appuyer avec un cri de surprise contre le mur, le visage face a une étagère pleine de livres.

Son front se plissait à chaque mot prononcé par chacune des deux soeurs.

Il était vrai que le sorcier avait déjà été très impressionné par le simple fait que deux âmes vivaient dans un même corps, et pourtant, même en essayant d'imaginer les choses les plus improbables, il n'aurait pas pu imaginer que Syan puisse intervenir de cette manière...
De toutes façons, qui aurait pu concevoir qu'elle puisse encore exister ..?

Cela ranimait la curiosité du sorcier ; il aimerait connaître l'origiine de ce phénomène tout en sachant qu'il ne la saurait peut-être jamais, notamment à cause de Syan, d'ailleurs...

Le magicien continuait de regarder d'un air inquiet la jeune femme à la démarche jésitante, butant contre un coin du lit, comme un enfant qui ferait ses premiers pas.

* "Calme"... C'est bien Syan qui a prononcé ce mot, non ?*

Elle se tenait désormais devant une bibliothèque. Est-ce que cela avait une quelconque signification ? Surement aucune.
Le Reikon était calme, car il l'était tant que la plus jeune des deux soeurs l'était aussi.
Il cherchait à interpréter ce qu'il se passait, ce qui était quasiment peine perdue.

*Elle n'a pas la force pour reprendre le contrôle, alors pourquoi fait-elle ça ?*

Il repense à ce qu'il avait dit quelques minutes plus tôt avec un soupçon de culpabilité... Il n'était pas convaincu que le fait de rester aux côtés de Nyrah soit réellement bon pour elle? Les apparitions quasi-constantes de Syan en étaient une preuve indéniable. Bien que le portrait de l'avenir des deux personnes semblait étrangement lié à un magnifique conte de fées, ce n'était qu'une facade, car ce tableau était destiné à être noirci coute que coute par Syan.

Ses mains rougies par le sang sec firent pression sur la couverture moltonnée. Il se releva, contourna le lit pour faire quelques pas en direction des étagères bondées de bousquins. Pour une fois, ce n'était pas eux qui détournaient son attention, mais bien la femme qui se tenait devant.
Sa voix était très posée.

Ignore-la. Ne pense qu'à toi, quà nous... Ne laisse plus de place dans ton esprit pour elle, elle ne le mérite pas.

Honnêtement, il n'avait aucune preuve de ce qu'il disait, il ne savait même pas ce qui s'était passé... Mais officieusement, il était, pour lui, complètement impossible que Nyrah soit vraiment en tort.
Il lui disait de l'oublier, alors qu'il était lui-même incapable de chasser ces yeux oxydes de sa pensée.

Tu sais...

Le ton de sa voix était étrangement ordinaire, comme s'il discutait d'un sujet quelconque. Il avait subitement arrêté sa phrase, ce qui montrait son désarroi face à cette situation inhabituelle.

Nous devrions peut-être sortir prendre l'air.

Il était évident que ce n'était pas la phrase qu'il avait à l'origine dans la tête, lorsqu'il a pris la parole... Le jeune homme était désarmé, comme à chaque fois que Syan fesait surface.
Le sorcier aimerait aider Nyrah de tout son coeur, mais la volonté, aussi forte qu'elle puisse être, ne suffisait pas.

Le front posé contre une planche, Nyrah écoutait avec une demi-attention, détournée de la voix d'aZn par une sorte de multitudes d'envies étranges... Envie de hurler, envie de courir, de rire, de pleurer, de faire du mal...
Pas a aZn, non, elle était elle même et jamais elle n'aurait eu envie de lui faire du mal... mais a tant de gens... Tant d'autres gens qui le méritaient.

Toutes ses nouvelles envies s'opposaient tellement qu'elle en restait prostrée, recroquevillée au fond de tant de pensées diverses qui lui appartenaient sans vraiment être a elle.
Se mellaient ici le caractère explosif de sa soeur mélangé a sa propre raison.

Syan en contrepartie était des plus lucide. Elle ne contrôlait pas le corps mais pensait avec une précision et une logique qui d'habitude lui échapait. Elle entrevoyait des solutions, voyait clair dans chacun de ses raisonnements et n'était plus troublé par l'incohérente brutalité de ses émotions.
Elle interpretait limpidement chaque parcelle sa propre folie.
Ainsi elle se mit volontairement en retrait... Elle ne ceda pas une once de terrain pour autant, simplement elle s'effaça et attendit.

Nyrah sans vraiment se rendre compte de ce que se soeur manigançait, se sentit soulagée de ne plus la sentir parasiter ses reflexion, aussi mouvementées soient-elles.
Elle releva la tête avant de se retourer vers aZn.

Je ne la sens plus...

Elle opina du chef d'un côté comme pour vérifier ce qu'elle disait puis un large sourire étira ses lèvre, le sourire de Nyrah, ni cruel, ni hypocrite... Mais qui n'aurait pas du lui appartenir.

Je ressens... Tellement de choses... Mais elle je ne la sens plus !
Je... Qu'est-ce que tu disais ?

Il souria légèrement lorsqu'il vit que Nyrah souriait également. Ses yeux brillaient sans qu'il le sache ; à y repenser, il n'avait presque jamais -voire jamais- vu la sorcière aborder un sourire aussi franc.

Je pensais simplement que nous ferions mieux de sortir d'ici.

Il ne savait pas réellement pourquoi il avait eu cette idée, pourquoi il avait le sentiment qu'il était mieux de se livrer au froid plutôt que de rester dans cette chaleur acceuillante, cet endroit d'une tranquilité absolue paraissant pour le moins coupé du monde. Qui plus est, aZn ne pouvait pas rêver de meilleure compagnie, et pourtant... ce pressentiment était existant.

J'ai plusieurs choses à régler désormais, je ne peux pas me permettre de flâner plus longtemps.

Son front se plissa.

Pourtant, j'aimerais tellement rester là avec toi...

Assez incompréhensiblement, il était gêné de sa propre initiative. Il réarrangea les draps du lit, mais finalement, la couche ne semblait à peine plus intacte que son état original.
Visiblement, il n'avait fait cela que pour occuper ses mains nerveuses et tenter de dissimuler son embarras.

Il finit par soupirer, exaspéré par son propre comportement.

Que comptes-tu faire pendant ce temps ? Tu penses pouvoir rentrer sans problèmes ?

Au fil du temps, il regrettait de plus en plus l'idée de se séparer de la jeune femme. La logique voudrait que ce soit le bon choix ; il avait son chalet à reconstruire, une plume noire provenant d'un ange dans la poche, des obligations par rapport à la cour, des amis à aller rassurer... Mais sa propre envie le poussait tout simplement à faire ce qu'il désirait, simplement ignorer tout cela et s'attarder avec elle.
... Comme si le reste de sa vie n'avait aucune importance.

Sortir, règler, rester là...
C'était commme si certains mots frappaient son esprit avec plus de force que d'autres, une sorte de comprehension sélèctive du monde qui l'entourait.

Je vais bien, j'arriverais a rentrer. même si... Même si ce qui arrive est étrange...
...

Elle semblait pleine d'energie, presque emportée. Ses pensées et ses mots étaient sous le joug de cette sorte d'insouciance qui vous fait oublier toute prudence. Sa petite soeur était passé sur un autre plan de priorités, releguée a plus tard comme si le fait de ne plus sentir sa présence lui en retirait la responsabilité actuelle.

Je me sens...

Elle étira ses épaules avant de froncer les sourcils un court instant

C'est trop étrange pour être naturel... Mais je me sens tellement libre...Hm... Sortons !

Elle se dirigea vers la porte, et poussa la clanche rapidement. Des flocons vinrent se poser dans ses cheveux et elle fronça le nez quand elle sentit le froid du dehors.
Elle prit la main d'aZn et l'entraina au dehors.

Tu fais une de ces têtes... Elle sourit
dépèche toi, avant que je change d'avis. Je prefèrerais rester là, avec toi mais... fais ce que tu dois.

Elle baissa la tête avec l'air de chercher ses mots.

Je ne sais pas ce qui se passe... Je n'ai pas la force d'y réfléchir mais, tant que j'arrive a le dire, tant que j'arrive a sourire en te le disant... Je veux en profiter !

Elle expira dans un soupir et un nuage de buée blanche temoigna du froid ambiant.

Je t'aime plus que tout...

Elle hocha la tête

Pourtant je pense que j'aurais besoin d'aide quand je me rendrais compte de ce qui s'est passé... Puis elle sourit de nouveau, visiblement elle gardait sa raison.
En attendant, je sais qu'a cause de moi trop de chose ont été laissées en suspend... fais ce que tu as a faire.
...

A premier abord, le sorcier restait perplexe devant le débit de paroles de Nyrah hautement plus élevé qu'à l'habitude.

Il se laissait doucement guider au-dehors par la main de la sorcière, toujours aussi dubitatif.

Tu fais une de ces têtes...

C'est vrai, il ne se voyait pas mais, sans nul doute, l'expression qui était collée sur sa figure devait être la plus étrange possible.
Le sourire de Nyrah apporta sur son propre visage la même joie sincère qu'elle affichait à ce moment.

Autant elle n'avait pas la force de réfléchir à ce qu'il se passait, autant aZn n'avait absolument aucune envie de se poser la question. La vue d'une Nyrah simple, totalement libérée de la présence pénible de sa petite soeur, le rendait aussi heureux qu'il trouvait ça bizarre.
Il l'aimait réellement beaucoup. Même si tout serait infiniment plus facile sans Syan, il l'aimait... Bien qu'en ce moment, elle dégageait bien-être rafraîchissant, ce qui était vraiment très plaisant, cela ne changerait rien : peu importe, ses sentiments étaient très forts dans n'importe quelle circonstance.

Elle donnait l'impression de vouloir impuissament éviter les petits flocons qui tombaient sur elle, essayer de combattre le froid alors que c'était peine perdue ; cela ajouté à sa façon d'être si particulière du moment, elle était la plus adorable des femmes. Elle ne pouvait donner qu'une envie, celle de la serrer très fort dans ses bras, ce que fit le sorcier qui ne pouvait pas résister à ce caprice.

Moi aussi, je t'aime...

Ses mots étaient sortis avec une légéreté sans égale.
Sans relâcher son étreinte, il lui répondit avec cette même aisance, transformant chacune des syllables qu'il prononçait en une source de confiance et de réconfort.

Bien sûr, tu sais que je serai toujours là pour toi, maintenant. Tu peux compter sur moi quoi qu'il arrive.

Ses lèvres dessinèrent à nouveau un sourire simple, que la Mizu ne pouvait pas voir compte tenu de la situation. Mais c'était cette sorte de sourire qui est directement dissernable dans le ton de la voix.

C'est idiot, mais je suis tout à toi. Ma porte - ou du moins, ma future porte - te sera évidemment toujours ouverte, tu sais où me trouver, et ce, que tu veuilles simplement parler, te reposer, cuisiner... Promis, je garderai des baies en réserve.

Il se détâcha quelque peu du corps de la jeune femme, son sourire jovial laissant place à un autre plus reservé, mais autrement plus sincère.

Je n'ai jamais été aussi heureux que depuis que je suis avec toi. Ne crois pas qu'il n'y ait que moi qui soit là pour toi ; plus que tout, tu comptes beaucoup pour moi.

Du pouce, il essuya brièvement quelques gouttes d'eau qui s'étaient formées par les flocons au contact de joue de Nyrah.

Je vais devoir y aller...
A bientôt...

Le jeune homme humecta ses lèvres et donna un tendre baiser passionné à la sorcière. La chaleur intérieure produite par l'intensité du moment lui faisait aisément oublier le froid glacial qui régnait autour de lui.
Lorsqu'il revint à la glaciale réalité, le chagrin commencait déjà à l'envahir petit à petit... Ses mains relachèrent doucement les bouts des doigts gelés de la sorcière.
La neige produisit son bruit caractéristique sous les pieds d'aZn, qui avait reculé de quelques pas sans pour autant quitter des yeux le regard argenté de Nyrah.

...
Je t'écrirai chaque jour où tu n'es pas avec moi... Je te tiendrai au courant de mes déplacements, ne t'en fais pas.
Bon retour chez toi.

Il releva son avant-bras et fit un signe de main fébrile.

Je t'aime...

Le très petit nuage de buée provenant de son souffle était emporté par le vent alors qu'il fit volte-face, et se dirigea à l'opposé de la direction par laquelle il était venu.
Il ne put s'empêcher de soupirer aux quelques rares fois où il avait regardé au-dessus de son épaule.

Ses jambes le balladaient vers le chateau Reikon, alors que son esprit pensait déjà à ce que sa plume pouvait écrire.
Il s'éloignait de plus en plus, jusqu'à ce que la silhouette de la jeune femme soit indiscernable dans le faible brouillard, puis jusqu'à ce que l'hote de son ami ait disparu de sa vision.

A chaque pas dans la lourde poudreuse, à chaque pas qui le séparait un peu plus d'elle, le bonheur s'évanouissait au profit des mêmes idées noires qui l'avaient habitées depuis toujours.

Seule... ça faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas ressenti cette sensation. Elle était seule depuis le moment ou elle avait vu la silhouette d'aZn disparaitre, flouté par les flocons bet les rafales de vent.
Elle se sentait aussi seule avec elle même, comme si sa soeur avait bel et bien disparut.

La neige lui piquait les yeux mais elle l'oublia vite, préférant se mettre en marche rapidement, évitant soigneusement de se poser la moindre question. Elle s'étira une dernière fois avant de retourner a l'intérieur.

Il régnait ici une chaleur qui donnait envie de se reposer, envie de dormir et d'oublier tout soucis. Elle sourit au souvenir des mots du sorcier...
Finalement elle se dirigea vers une armoire, en ouvrit les portes et fouilla rapidement l'interieur du regard:
Qelques manteaux, des lainages... Des couvertures.
Elle saisit un manteau noir a large capuche qui n'avait rien de féminin et l'enfila avant de refermer l'armoire, se dirigeant vers la cuisine rapidement pour prendre tout ce que pourrait contenir une mince besace de peau. viande sechée, une outre d'eau... Si elle ne gelait pas en chemin ce serait un miracle.

Elle rabatit ensuite la capuche d'un geste et sortit, murmurant un vague "merci" au propriétaire du manteau et de la nourriture qu'elle avait pris.

La maison disparut rapidement et elle ne se retourna pas, a quoi bon? aZn avait déja disparut au loin.
Le froid était mordant et elle se mit a courrir a la recherche d'un totem qui la ramenerait en terres Mizu.

Elle slalomait entre les arbres presque sans reperes tant la neige tombait fort. Les flocons lui collaient au visage

Au détour d'une espece de sentier sinueux, elle tomba nez a nez avec un animal tremblant, couvert de terre et de neige, une grande corne blanche ornait son front qu'elle braqua en direction de la sorciere.

... Nezu? C'est toi Nezumi ?

La licorne releva la tête et souffla l'air las, frottant ses sabots dans la poudreuse avant de venir coller son museau glacé contre l'épaule de Nyrah qui, elle, caressa l'encolure de sa licorne pour en faire tomber l'épais manteau glacé.

Qu'est-ce que tu fais la ma belle...? Syan....?

L'animal secoua le museau avant de renacler.

On ira plus vite a deux... Si tu es en état de me porter ?

Nezumi sembla ragaillardie, comme impregnée par le nouveau caractère de sa maitresse d'habitude si silencieuse.

Nyrah grimpa sur le dos de Nezumi et elles partirent, tout droit, sans trop savoir vers où, esperant trouver un totem au plus vite...

[A suivre...]