Et entre Araxia...

"Merci."

Araxia, décidant d'ignorer le tavernier, commença à manger.

"C'est très bon.", dit-elle. "Ca faisait longtemps que je n'avais pas mangé chaud."

Elle mangea lentement pour mieux apprécier son repas. Elle ne savait pas quand est-ce qu'elle pourra manger aussi copieusement.
Malgré tout, son assiette se vida trop rapidement à son goût.

Elle prit alors le verre d'eau, but une gorgée et leva enfin les yeux vers Mityos :
"Merci beaucoup pour ce repas. A charge de revanche."
Appuyant bien sur le mot "revanche" pour faire comprendre au jeune homme qu'il ne fallait pas refuser.
Elle avait désormais une dette et comptait bien la rembourser.

Elle but une autre gorgée, l'eau était claire et fraîche.
"Vous avez des compagnons ? Je dis ça parce que je vois que vous êtes un mage et que c'est rare de voir un mage sans compagnie !"

*C'est pas comme les sorciers...*
Elle soupira à cette pensée.

Araxia réfléchit à ce qu'il venait de dire.
Comme elle l'avait pensé, Mityos était un solitaire.

*Un peu comme moi*

Mais bizarrement, il proposait encore de l'aider.
"Ah ! Merci, mais j'ai juste ce qu'il faut pour me payer une chambre ! Mais c'est gentil d'y penser."

Elle sourit, elle n'avait pas encore sommeil, du moins pour l'instant...

"Volontiers, mais je ne suis pas très portée sur les confidences..."

Le regard d'Araxia devint noir durant un court instant mais resta triste.
"Disons que j'ai eu envie de prendre l'air... De... connaître autre chose. Mais surtout de me sentir utile !"

*Tout à fait, me sentir utile !*

Elle fit une grimace.
"Mais ce n'est pas facile quand on sort de sa campagne, d'arriver ici, où tout est animé."

Elle s'arrêta, ses yeux de couleur rouge se troublèrent.
Enfin, elle prit une grande inspiration et avoua d'une voix à peine audible :
"Je me suis fait jetée hors de chez mes... de chez moi. Je suis arrivée ici par la force des choses et maintenant j'essaye de me débrouiller..."

Elle secoua la tête, le regard dans le vague. Elle abordait pour la première fois ce sujet avec quelqu'un.
Mais à son grand étonnement, le peu qu'elle avait dit lui avait fait du bien.
*Peut-être que si j'en parle, je pourrais tourner la page et j'accepterais mieux cette situation*

Ses yeux redevinrent normaux et elle parvint à sourire...

Araxia avait surpris le regard triste du jeune homme, elle sut qu'ils étaient sembables sur ce point.

Araxia sourit, elle savait que Mityos n'en demanderait pas davantage.
"Merci !"

"A vous ! Pourquoi êtes-vous ici ?"
Elle ne posa pas d'autres questions par respect.
Ce soir, elle n'en dira pas plus sur elle et sauf s'il le souhaite, elle n'en demandera pas plus sur lui.

*Faudra trouver un autre sujet !*
Tout en attendant la réponse de son compagnon, elle se mit à y réfléchir...

Araxia se redressa sur sa chaise, ses mains tremblaient et ses yeux devinrent noirs.
Elle semblait indignée par ce que Mityos venait de dire.
*Aucune importance ? Je trouve pas, moi je ne penserai jamais ça.*

"Pardon ? Aucune importance ? Ca ne se fait pas d'abandonner les personnes ! C'est... HORRIBLE !"

Elle avait prononcé ce dernier mot, les larmes aux yeux, en criant et fracassant la table de son poing...

Ou plutôt fracassa son poing sur la table, ce qui la calma aussitôt.

*M.....*

Elle avait tellement mal, que son teint pâlit.
Cette fois-ci, ce n'étaient plus des larmes de colère mais plutôt de douleur...

Araxia ne voulait pas d'explications.
Cela l'avait revolté d'entendre Mityos dire ces choses, car elle n'acceptait pas elle-même sa position.

"C'est pour ça que je la cherch..."

Elle s'était emportée et avait amené le jeune homme à parler de sa mère.
Elle rougit de honte face à son emportement.

"Excusez-moi, je ne voulais pas... Je ne comprends toujours pas... pourquoi... tant de haine..."
Elle s'arrêta.
Encore une fois, elle se laissait aller au lieu de réagir et de surmonter tout ça.

Elle posa sa main douloureuse sur la table, la regarda, regarda Mityos et sourit enfin.
Ses idées étaient plus claires.

"je ne vais pas changer le passé", a-t-il dit.
*Moi non plus, il faut être forte*

"Je crois qu'elle est cassée", dit-elle d'une toute petite voix.

En grimaçant, Araxia tendit sa main vers Mityos.

Elle était rouge et commençait à enfler.
C'était très douleureux.

"J'ai honte de moi-même !", murmura-t-elle.

Mityos avait sa main au-dessus de la sienne.
Il semblait très concentré.

Une douce chaleur se répandit dans la main de la jeune femme.
Une fois la lumière blanche disparue, Araxia ouvra et ferma la main pour s'assurer qu'elle était bien guérie.

"Merci, ça va mieux maintenant !", dit-elle avec un léger sourire.

Elle réfléchit un court instant et dit :
"Après ça, je comprendrais si vous vouliez qu'on arrête là notre conversation."

Bien qu'elle n'avait nullement envie de finir sa soirée sur cette mauvaise impression, elle pouvait néanmoins comprendre qu'il n'était pas facile de rester avec quelqu'un qui ne maîtrisait pas tout à fait ses émotions.

Tout en rougissant, elle retira doucement sa main de celle du jeune homme.

"...Merci. Mais... changeons de sujet,...pour changer"
Elle reprit contenance et lui adressa un clin d'oeil, cela devait faire le troisième sujet depuis le début de la discussion.

"J'ai vu de nombreuses licornes en arrivant ici, elles sont vraiment très belles... Est-ce que vous en avez une ?"

*Ah mais c'est nul ça...*

Néanmoins elle continua :
"Mais l'animal que je préfère encore plus par rapport aux licornes, c'est le chat. Je pense qu'une personne qui aime les chats ne peut pas être mauvaise."
Elle baissa les yeux et sourit.

Le visage d'Araxia s'illumina, lorsque Mityos lui proposa de présenter son chat.
"Avec plaisir !"

Elle devint pensive :
"Non, malheureusement je n'ai jamais eu d'animal de compagnie. Mais je compte bien me rattrapper... Après tout, je suis une sorcière..."

Elle rit.
"Peut-être pouvons-nous essayer de retrouver votre chat ? J'ai un peu envie de sortir, si ça ne vous dérange pas !"

Ses jambes commençaient à s'engourdir et elle voulait un peu prendre l'air avant d'aller se coucher.

Araxia prit la main de Mityos dans la sienne et se leva.
"Allons-y."

Un vent glacial les surprit à la sortie de la taverne.
Au contact de celui-ci, elle ferma les yeux et leva la tête. Pour elle, ce n'était qu'une simple brise.

Le souffle froid passé, elle se rendit compte qu'elle avait toujours la main dans celle du jeune homme, elle la dégagea un peu gênée.
Elle fit mine de rien.

"Bien ! Par où commençons-nous ?"

La nuit était tombée depuis quelques heures déjà. Le brouhaha commun aux tavernes commençait à s'atténuer : fatigue et alcool en étaient la principale cause.

"Mais c'est incroyable ça !", s'exclama le tavernier en essuyant une table dégoûtante de bière à l'aide de son torchon (étant si sale, qu'il faisait plus de l'étalage que du nettoyage). "Pas le moindre respect, ça colle même par terre...".

Brusquement, la porte s'ouvrit, un courant d'air froid vint geler l'échine des rares personnes encore attablées. Celles-ci se recouvrant légèrement de capes ou peaux de bêtes. Trois silhouettes apparurent dans l'encadrement de la porte.

- "TAVERNIER ! Une chambre pour moi et mes compagnons !" hurla le premier homme qui retirait son heaume blanchit par la froideur extérieure. Certaines stalactites était même présentes sur la peau de loup qu'il portait comme cape. De nombreuses armes étaient disséminées sur tout son corps et seules les gardes de celles-ci étaient visibles. La violence et l'habitude du combat pouvait se lire dans ses yeux.
- "C'est à dire que nous sommes déjà complet pour la nuit", répondit le tavernier. Cependant, contrecarrer la volonté d'un tel homme était des plus dangereux. "Mais, vous avez de la chance" ajouta-t-il. "Les deux personnes qui voulait ma dernière chambre sont sorties. Votre seigneurie peut donc l'emprunter, mes prix sont des plus respectables", une lueur de malice s'éclaira dans l'oeil du tavernier.
- "Parfait ! ARKIRAM, GJAERINE, montez, je vous rejoins dans la chambre avec nos collations."
- "Je vous prépare ça tout de suite", anticipa le tavernier. S'inclina et se dirigea vers la cuisine d'un pas pressé.

L'homme jeta trois pièces de valeur sur le bar et se dirigea vers l'escalier tout en détachant sa cape. L'un des hommes attablé pu voir la lourde armure noire que portait l'étranger. Seul un fou oserait s'en prendre à un tel roc.




(Akhloryne, le 16 avril 2007)