Mission de recrutement

Elle n'était pas sure de ce qu'elle avait fait... Avait-elle réussi a montrer a aZn ce qu'elle ressentais... Du moins en partie? Elle ne le savait pas.
La main du sorcier sur son bras la fit frissonner et une nouvelle fois elle se rappella qu'elle était pied nus.

Le bout des doigts de l'homme s'étaient posés a présent sur son poignet et lentement elle fixa son regard sur cette étrange scène... Ils étaient tout deux au milieu d'un couloir sombre, Elle sans chaussures, les cheveux lachés dans son dos...

aZn avait raison, ils n'allaient pas rester ainsi le reste de la nuit... Cela pourrait sembler bizarre si quelqu'un venait a passer...

Hum... Vous avez raison. Mais pour ce qui est du repos...

Elle regarda de chaque côté du couloir, comme cherchant âme qui vive dans les environs... Mais tout semblait calme.

Elle ne me laissera pas me reposer c'est inutile. Par contre vous, vous devriez peut-etre...

Elle parut un instant réfléchir, cherchant ses mots au milieu de la cohu indéfinissable de ses pensées

Enfin... Arriverez vous a dormir maintenant ?

Elle ne chercha pas a liberer son poignet, décollant seulement son dos du mur, prette a se lever.

Dormir... Il n'en avait aucune envie... Et même s'il l'avait, arriverait-il vraiment à trouver le calme nécéssaire pour s'assoupir ? C'est improbable.

Il regardait Nyrah l'air penseur... Il avait même envie de lui sourire... Une sensation qui s'était échapée de lui depuis des années...
Son âme n'avait plus envie de sourire depuis si longtemps, mais cette fois-ci, elle avait envie de montrer à la sorcière sa gratitude et le bonheur qu'elle lui apportait.
Quel bonheur ? pourquoi, comment ? Il n'en savait rien lui-même...

Il avait envie de lui dire qu'il pouvait dormir, que tout allait bien... Mais ce n'était pas vrai.
Il lui répondit en toute franchise, comme s'il la connaissait depuis des lustres.

Non... Je n'arriverai de toutes façons pas à fermer l'oeil...

Le magicien scrutait le couloir comme si l'endroit lui était inconnu, puis soupira avant de se relver, invitant Nyrah à suivre son mouvement.

Elle avait réussi à le rendre de bonne humeur, surement malgré elle. Il paraissait presque amical... On ne le voyait que très rarement dans cet état.

Je ne sais pas ce que je vais faire cette nuit, d'ailleurs... Que comptez-vous faire ?

Il parlait naturellement... Les mots sortaient de sa bouche sans aucune douleur... On aurait facilement cru qu'il n'était plus lui-même. S'en rendant compte, il se trouvait bien étrange et s'adressa à lui-même en se disant qu'il manquait peut-être réellement de sommeil...

Elle se releva donc tout de suite après aZn, sans plus faire attention a ses pieds nus et ses cheveux détachés qui retombaient devant ses épaules en longues mèches qui refletaiant la lumière des bougies.

Que faire...? c'était une drôle de question. Elle regarda une nouvelle fois de part et d'autre du couloir sans but précis, cherchant un repère quelconque que bien entendu elle ne trouva pas.

Je pense...

Elle regarda une seconde ses pieds avant de relever le visage vers celui du sorcier.

mh... Qu'il faudrait que je récupère mes affaires.

La situation était incongrue et Nyrah se surprit a s'en amuser plutôt qu'a en être gênée.

Pour la suite elle n'en savait rien, elle n'était pas chez elle et chacun de ses pas la perdrait plus encore... Mais accompagné d'aZn...

Pourriez vous m'accompagner a ma chambre ?

Et à nouveau elle chercha de droite et de gauche avant d'hausser les épaules.
Vraiment elle aurait eu du mal a retrouver son chemin dans ces méandres de couloirs sombres.
Elle hocha la tête, les flammes des torchères ombrant son visage posé d'impassible poupée et ornant son regard translucide, alors fixé sur le jeune sorcier, d'étranges reflets cuivrés.

Il aida la sorcière à se relever, en ne la quittant pas des yeux.
Il semblait prendre plaisir à la regarder dans son état présent, qui la rendait un peu plus naturelle, un peu plus... comme les autres.

Le sorcier écoutait les paroles de Nyrah qui résonnaient toujours avec un petit écho dans le sombre couloir. Sa timidité lui fit à nouveau baisser son regard sur ses pieds lorsque celle-ci le regardait pendant une période qu'il jugeait trop longue à son goût.

La Mizu semblait perdue et donnait l'impression d'être un peu agacée par la similarité de chaque pièce, couloir et autres escaliers du château qui, effectivement, se ressemblaient presque tous. aZn ne put s'empêcher de penser qu'elle se sentirait sûrement mieux dans un endroit qu'elle connaissait au moment présent mais il voulait, au fond de lui, qu'elle reste le plus longtemps possible à ses côtés.

A la suite de la question qui lui était adressée, son regard se releva vers le visage impassible de son interlocutrice avant d’acquiescer d’un léger signe de tête.

Oui, bien sûr… Venez.

Il commença à avancer d’un pas lent, continuant son trajet interrompu quelques instants plus tôt par ce qu’il croyait être une hallucination.
Il tenait toujours le maigre poignet de Nyrah entre deux de ses doigts, comme pour la guider dans un labyrinthe.

Pendant ce temps, le Reikon bouillonnait intérieurement, et se demandait ce qu’ils pourraient bien faire une fois que la sorcière aurait récupéré les affaires qu’elle avait laissées dans sa chambre.

Il était presque minuit, aucune activité vraiment intéressante n’était envisageable à une heure pareille.
A cette heure-ci, le magicien avait pour habitude de se rendre, comme toujours, à la taverne de chope sombre, qui a coutume de rester ouverte jusqu'à des heures très tardives.

Seulement il était clair qu’en compagnie de Nyrah, ce n’était pas une bonne idée de s’y retrouver à nouveau. Le sorcier réfléchissait intensément, mais en vain. Il ne trouva pas d’autres idées, et dit à lui-même qu’il laissera le choix à son actuelle accompagnatrice une fois qu’ils se trouveraient à nouveau dans la chambre.

Le silence gênait le Reikon, mais il ne disait rien, cherchant encore et encore même s’il savait qu’il ne trouverait aucune solution.

Elle se laissait guider par aZn, regardant défiler des couloirs, des arches et des dizaines de torches a intervalles réguliers.

la plante de ses pieds battait sur le sol avec un petit bruit de claquement qui paraissait ici tout a fait singulier.

Quand elle ne fixait pas les interminables couloirs, ses yeux clairs étaient posés sur sa main, observant, comme hypnotisée, son poignet fin entre les doigts du sorcier.

Nyrah fit jouer ses doigts et s'étonna de cette drôle de situation, les mouvements de sa propre main, si proche de celle d'aZn.

Le couloir dans lequel ils s'engageaient, bien que quasiment similaire aux autre, lui sembla familier...
En fait elle se souvenait vaguement d'une des représentation qu'elle avait croisé brievement en sortant précipitamment tout a l'heure... Celle qui se trouvait juste devant la porte de sa chambre et représentait un homme relativement agé qui portait fièrement une livrée brodée en plusieurs endroits du symbole Reikon.

*Ce n'est pas drôle...*

La jeune femme regardait encore le bout de ses doigts quand soudain une sensation de picotement se fit sentir dans sa paume, exactement comme lorsqu'elle était assise seule dans le couloir.
Un mouvement de panique lui fit retirer violemment sa main, l'arrachant a celle d'aZn tandis qu'elle serrait le poing.

La porte de la chambre était restée entrouverte et on appercevait du couloir la neige tomber derriere les carreaux de la fenetre dont les rideaux étaient restés en désordre.
Nyrah s'y précipita l'esprit échauffé par de trop fréquentes pertes de contrôle.

Elle lassa ses chaussures plates avec une rapidité déconcertante, nouant vivement les rubans a ses chevilles. avant de se relever.
Son regard tomba sur celui d'aZn et elle se fixa, comme si le temps s'était arrèté.

*Bien joué grande soeur...*

Il ne put s'empêcher de sursauter lorsque Nyrah retira brusquement sa main d'entre ses doigts. Cela faisait quelques minutes que tout était calme, et ce geste soudain surprit tout à coup le sorcier.

Il regarda sa main d'un air interrogateur avant de regarder à nouveau la sorcière, qui laçait ses chaussures à une vitesse impressionante.

Tout se passait si bien... Que se passait-il tout à coup ?

Les flocons semblaient tomber plus abondamment que lorsqu'il était encore dehors, le vent s'était remarquablement amplifié.

Le sorcier restait debout, là, devant l'entrée de la chambre, son regard allant de Nyrah à la fenêtre... De la fenêtre à Nyrah...

Est-ce qu'il se pourrait que Syan en soit pour quelque chose ? Cela ne l'aurait pas étonné, la sorcière n'avait aucune raison d'être pressée pour le moment, bien au contraire.

Pour la énième fois, le Reikon se posait un nombre incalculables de questions... Jamais il ne s'était autant interrogé l'espace d'une journée... Et apparement, il avait du mal à s'habituer au manque perpétuel de réponses plausibles à ces questions.

Les mêmes phrases, tournées toujours d'une façon différente, résonnaient dans sa tête comme l'écho présent dans le sombre couloir il y'a quelques minutes à peine.

*Non, Nyrah ne réagirait pas comme ça d'elle-même... C'est Syan... Ou peut-être tout simplement que c'est... moi ?*

Ne voulant être à l'origine d'aucun problème, aZn restait immobile, observant la Mizu qui le restait également ; le temps semblait effectivement s'être arrêté...

Ses lèvres s'étaient entrouveries, mais aucun son ne parvenait à sortir. Il avait pourtant envie de lui dire que... Mais non, il ne pouvait pas... Il ne le pourra sûrement jamais.

Au bout de quelques secondes qui avaient paru une éternité, il passa sa main droite dans ses cheveux avant de soupirer.

Mhhhh...

La situation, pour lui, était à nouveau devenue embarassante... Il ne savait pas quoi faire, ni quoi dire...

Nyrah resta quelques secondes qui parurent interminables les yeux rivés sur le jeune sorcier.

Elle savait qu'une fois encore l'étrange comportement dont elle faisait montre le mettait mal à l'aise...

*Mais regardez les...
Alors ma soeur... Amusante ma petite intervention ?
Non
Tant mieux... Je ferais tout pour que tu te brûle les ailes !
Que je ...?
Tu m'as comprise !*

Elle cru comprendre l'espace d'un instant mais cette pensé aussi lumineuse soit-elle disparut bien vite, happée par un des bruyants éclats de rire de Syan.
Elle avait a peine eut le temps de naître dans son esprit qu'elle en avait déjà disparut...
Ce qu'elle avait entraperçut dans son esprit l'effraya, laissant apparaître sur son visage une expression d'incrédulité qui passa furtivement.

Elle avait remis ses chaussures mais son diadème trônait toujours sur le meuble de bois et elle ne semblait pas s'en préoccuper.

La jeune femme regardait toujours fixement le sorcier, cette pensée bien que furtive avait laissé des traces et semblait faire bouillir son sang dans ses veines.
Elle se rendit compte alors à quel point son regard était insistant et cligna des yeux, semblant sortir d’un état d’hypnose.
Que faire a présent… ? Elle voulait avancer vers lui…Mais pourquoi ? Quelle raison aurait-elle a lui donner…

Elle resta donc sur place et se souvint du verre d’eau encore plein qui était encore sur le meuble, elle le saisit donc entre ses doigts et le vida d’un trait.

La fraîcheur de l’eau sembla éclaircir ses idées et cette sensation la surpris agréablement, estompant quelques secondes ses éternelles entremêlas de pensées et coupant court aux remontrances farouches de Syan.
Sans plus y réfléchir, elle fit quelques pas vers aZn.
Il serait bien temps plus tard de penser a la raison……

Il regardait la situation d'un regard critique.

Ahhh... Que faisait-il ici, dans ce château sombre, en plein milieu de la nuit, alors qu'il devrait normalement être tranquillement chez lui, à lire voire à écrire un énième bouquin au coin du feu...

Mais non, il était bien là... Une force, un sentiment inconnu l'avait ammené à revenir près de Nyrah.
Et maintenant, il se sentait bien intérieurement...

Même si ses pensées et autres questions sans réponses envahissaient son esprit,...
Même si Syan avait l'envie apparente de ne pas se faire oublier...
Même s'il ne pensait plus à ses obligations, à ses amis...

Il se sentait bien...

Nyrah s'approchait lentement vers lui. Il la regardait toujours silencieusement, elle, son visage, ainsi que ses cheveux toujours détachés qui se balancaient au niveau de ses épaules.
Elle semblait à nouveau saine. Apparement, elle avait chassé sa soeur de son esprit.

Votre diadème...

Ses paroles furent rapidement estompées et ne résonnaient plus, comme si les murs empêchaient le son de sa voix de se répandre.
Il restait toujours immobile, toujours un peu plus gêné d'avoir cassé un silence qui avait perduré pendant plusieurs minutes.

Le diadème... a dire vrai elle l'avait oublié.

Les mots d'aZn lui firent tourner la tête vers l’objet, faisant par la même occasion revenir a la surface de son esprit le cheminement tortueux de ses pensées.

Elle fit un pas en arrière comme un automate qui aurait un instant dévié de son éternel mouvement répétitif pour finalement y revenir contraint et forcé.

Elle saisit l’objet et laissa glisser le bout de son doigt sur les fines armatures dorées

* Joliment battu en retraite ma sœur ! *

Les doigts de Nyrah se crispèrent sur le diadème avant de le fixer avec un mouvement plus que brusque, rabattant à l’arrière ses longues mèches blondes et refaisant rapidement la tresse qui retenait d’habitude les branches du diadème.

Tout de nouveau semblait parfaitement a sa place et ordonné, plus rien de la jeune femme ne restait dans la pièce et seul le drap blanc un peu froissé pouvait montrer que la chambre était occupée.

Nyrah jeta un bref coup d’œil vers la fenêtre ; la neige tombait toujours, indolente et monotone à travers les carreaux de verre.

La jeune sorcière s’assit sur le bord du lit et posa ses paumes sur le drap défait, sondant l’esprit de sa sœur pour essayer d’en démêler l’intrigue qui s’emblait s’y nouer sans qu’elle n’arrive a en deviner l’essence.

* Qu’est-ce que tu cherches ?
La souffrance… Et de préférence la tienne… ou celle de notre cher petit prince là bas…
Pourquoi lui ?
Parce que… J’en ai envie… *

Il semblait inutile d’essayer d’en savoir plus, les réponses aussi franches semblaient elles étaient toutes aussi évasives les unes que les autres… Nyrah soupira donc avant de repousser les pensées de Syan le plus loin possible au fond de son âme.

Tout à coup elle se sentit vide, comme si son énergie lui échappait… Elle mit d’instinct une main sur son ventre couvert d’un voile hyalin.
En fin de compte, le mal dont elle souffrait était des plus naturels et tout a fait simple à soigner… Elle avait faim.
Une faim qu’elle n’avait pas encore eut le temps de ressentir tant les évènements s’étaient enchaînés rapidement… Mais maintenant qu’elle se trouvait au calme, son corps lui rappelait ce manque avec véhémence.

Elle releva simplement la tête, cherchant le visage du sorcier.

Est-ce qu’il y a de a nourriture quelque part ? Je crois que…

Sa main était toujours posée contre son ventre, elle-même toujours assise sur le grand lit blanc.

Je crois que j’ai faim.

Il respira profondément. La situation était à son goût assez tendue, mais ce sentiment s'envola lorsque Nyrah évoqua tout simplement la nourriture.

Cela détendait un peu le sorcier qui s'était apparemment tellement torturé l'esprit en cogitant sans relâche qu'il en avait presque oublié les choses simples de la vie.

Le fait de penser aux meilleurs mets de son royaume fit saliver le Reikon, dont l'estomac réclamait également quelque nourriture.

Il s'avança de quelques pas, tout en se rapprochant de la magicienne, dans le but de prendre la clé légèrement rouillée qui portait le numéro sept sur le petit meuble de bois.
Il tourna la tête et s'adressa d'une voix légèrement amicale à Nyrah.

Je ne sais pas si les cuisiniers sont encore de service à une heure pareille, mais nous pouvons improviser...

Un petit sourire se dessina sur ses lèvres.
Il espérait qu'on le laisserait faire ce qu'il voudrait dans les cuisines pour essayer de retrouver ses minces talents de cuisinier. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait plus manié des ustensiles de cuisine...
Il s'imaginait déjà dans la cuisine du château ; l'idée l'amusait au plus haut point.

Le Reikon rangea soigneusement la clé de chambre dans une poche intérieure de sa cape, puis logea sa main à nouveau libre dans la paume de celle de Nyrah.

Allons-y.

Il commença la marche du pas lent qui le caractérisait si bien.

Avez-vous des goûts alimentaires particuliers ?

aZn espérait que la réponse serait négative, il était très limité et ne savait que faire quelques recettes très sobres à base des animaux sauvages qui rôdaient autour de son habitat. En aucun cas ces plats ne pourraient être servis dans un commerce respectable.

A nouveau, les interminables couloirs sombres s'enchaînaient... Une fois de plus...

Des goûts alimentaires particulier...? Quand elle y pensait, Nyrah se disait que d'aussi loin que ses pensées reviennent elle avait toujours mangé de tout sans rien en dire.

Mais est-ce qu'elle aimait quelque chose en particulier.
Elle avait le visage animé d'expressions diverses qui semblait disparaître aussitôt... L'idée de goûter les plats Reikon l'intriguait et, pleine de naïveté sur le sujet, elle tentait d'en imaginer les saveurs.

Si l’on se penche plus avant sur le caractère de Nyrah, d’immenses fossés semblait la séparer de ses propres sentiments, fossés qu'elle tentait de franchir en la présence d'aZn... Et de lui seul puisqu'apres tout elle lui faisait confiance.

La question de ses gouts de s'était jamais posée, autant quand elle était enfant que maintenant, et réfléchir a cette question lui paraissait nouveau.

pendant que son esprit était occupé a la question, aZn avait pris sa main et marchait déja vers les cuisines.
c'était un peu grisant de traverser ainsi les couloirs sombres d'un endroit inconnu en compagnie de quelqu'un en qui elle pouvait placer sa confiance pourtant, même si elle le ressentait, son visage restait impassible, endurci par le masque de l'habitude.

Elle se rappela un peu tard qu'elle devait répondre au sorcier... Mais après tout, mieux vallait tard que jamais.

Je... Non je ne pense pas avoir de gôuts particuliers

Elle opina du chef, mettant ainsi fin a sa phrase... Mais déja, tout deux arrivaiet devant les portes des cuisines.
C'était immense et de lourd gonds de fer retenait de solide portes en ebène qui s'ouvrirent sans un grincement.
Visiblement on devait graisser souvent ses portes et les utiliser tout autant... Mais n'était-ce pas naturel pour des cuisines?

A cette heure la pièce était plongée dans une pénombre opaque ou l'on ne distinguait que quelques formes dessinées par les reflets pâles des torches du couloir.
On pouvait appercevoir les silouhettes d'immenses fourneaux a la gueule béante longeant les murs... Au milieu de la pièce, une longue table entourée de bancs allignés de façon quasi-militaire... et c'était a peu près tout... l'obscurité noyait tout le reste en une masse noire uniforme.

Nyrah jetta un oeil a l'interieur et, sa main toujours dans celle d'aZn, elle laissa le soin au sorcier d'entrer le premier.

Visiblement les cuisiniers avaient quitté la pièce il y'a peu ; en effet quelques torches brûlaient encore timidement, laissant l'ombre envahir la pièce.

Le sorcier scrutait l'endroit, car il était habitué à rôder dans le château et le connaissait presque par cœur, mais cette salle lui était, au contraire, quasi-inconnue.
Il n'avait seulement pu en apercevoir quelques recoins lorsque la grande porte s'entrouvrait alors qu'il se trouvait de l'autre côté de celle-ci.

Elle lui paraissait quand même plus spacieuse qu'il l'imaginait, et bien vite il ralluma les quelques torches à l'aide d'un petit flambeau. Dès lors, la propreté se faisait remarquer : la table centrale ainsi que les fourneaux luisaient et réfléchissaient la lumière naissante.

La propreté et l'hygiène quasi-parfaite de l'endroit inspirait un léger sentiment de bien-être au sorcier, plus habitué au capharnaüm de son chez-lui.

Son regard s'arrêta sur une petite armoire munie d'une multitude de tiroirs, sûrement remplis d’ustensiles de cuisine tous plus divers les uns que les autres.

Par contre, aucune trace d'aliment quelconque n'était visible, ce qui suscita quelques questions au Reikon. Il s'adressa maladroitement à Nyrah, d'un air légèrement honteux.

Je... J'ignore où est la nourriture.

A ce moment, une fois de plus, il se trouvait lui-même assez pitoyable, presque autant que lorsque Syan lui avait dit elle-même.

..Je reviens.

Il passé à côté de Nyrah avant de sortir des cuisines à la recherche d'un endroit où il pourrait trouver quelques aliments.

Quelques minutes plus tard, il faisait son apparition avec beaucoup de mets en tout genre, qu'il maintenait à l'intérieur de sa cape. Il y'avait beaucoup de baies de couleurs parfois surprenantes, donc certaines était spécifiques aux terres de son Royaume.
Il portait également d'autres fruits entre quelques noisettes tant appréciées par le peuple Mizu.

Il déposa le tout jusqu'à la table puis se tourna vers Nyrah avec un très léger sourire.

Je pense que nous avons de quoi faire.

Intérieurement, il espérait que la Mizu était un peu douée pour la cuisine car de son côté, il ne savait que se débrouiller avec différentes viandes qu'il n'avait pas trouvé dans la réserve.

Voyant revenir le Reikon la cape chargée de nourriture, la jeune femme se sentit étrangement bien.
C'était si simple... Des cuisines, des fruits en tous genre... Le genre de simplicité qui éclaircissait les pensées de la jeune femme comme une pluie fine et fraiche.

Tout ça lui rapellait des souvenirs sinon heureux, du moins antérieurs a... Elle s'empécha rapidement de penser a ce jour, noyant l'idée de cette monstrueuse journée sous la simplicité de l'instant.

Elle approcha de la table de travail ou le sorcier venait de déposer l'étendu de ses trouvailles.

Les baies reflettaient la lumière des torches et l'éclat sanguin de certaines les rendaient encore plus appetissantes dans cette semi penombre... De plus, Nyrah avait très faim.

Effectivement il y avait de quoi faire et l'estomac de Nyrah, beaucoup moins calme qu'elle, semblait déja savourer les fruits disposés devant la jeune femme.
La jeune femme connaissait certaines denrées devant elle... Mais d'autres lui étaiane inconnues.
Elle observa un instant les baies, intriguée sans le paraitre et en saisit même une entre ses doigts pour la regarder de plus près.

Celle-ci était d'un bleu sombre presque noir et dégageait une odeur poivrée qui lui rappela quelque chose... Sans pour autant déterminer exactement ce que c'était.

Sa main se promena un instant sur la table, signe d'un moment de réflection, puis elle se tourna vers le meuble couvert de tiroirs avant de s'en approcher.
Elle en sortit deux couteaux, une passoire de fer brillante sous les flmmes des torches une grosse cuillère en bois, une sorte de saladier en verre et quelques autres ustensils qui pourraient peut-etre se révéler utiles.

Elle tendit un couteau a aZn avant de recuperer les fruits dans la grande passoire aux reflets d'argent.

On peut commencer par les laver... Ensuite nous verrons.

Le ton était leger, presque détaché.
Avant elle avait l'habitude de cuisiner pour sa famille placidement et sans fantaisie et là... Elle ne savait pas, elle allait avant tout se laisser guider par sa propre faim.

elle posa la passoir dans un large évier de pierre, lavant les fruits a grandes eaux avant de revenir vers le sorcier.
seuls les noisettes étaient restées sur la table et, lorsqu'elle posa la passoire sur le plan de travail, quelques unes roulèrent vers elle sous l'impulsion.
Nyrah les arrèta du plat de la main avant de les repousser vers le sorcier l'air concentré, tendant a la suite un casse noisette a aZn.

J'ai une idée... est-ce que vous voulez bien ouvrir les noisettes ?

Elle posa l'objet près du jeune homme avec un bref signe de tête dont la signification demeura incertaine.
Puis elle plongea son regard dans la passoire, saisissant un petit couteau pointu...

Le Reikon profitait de la sérénité de l'endroit.

Il se décida enfin à chasser toutes les pensées de sa tête, du moins celles qui avaient un rapport avec ce qui s'était passé. A partir de maintenant, il profiterait de la simplicité du moment sans se soucier du reste.

Il regardait le couteau que Nyrah lui avait tendu avec un air incertain. Il prit délicatement celui-ci puis l'observa quelques temps de plus près. Il paraissait très bien aiguisé et reflétait tant la lumière des flammes qu'il paraissait neuf.

Le magicien commença à jouer avec l'ustensile, lui faisant faire quelques habiles acrobaties au-dessus de ses doigts en attendant que Nyrah lave les baies.

Lorsque celle-ci fût revenue, elle lui donna, de la même manière que le couteau, un casse-noisettes. Le jeune homme prit celui-ci dans sa main et le regarda d'un air incrédule. Il n'avait jamais utilisé ce genre d'ustensile auparavant...

La Mizu lui proposa de s'en servir, ce qu'il accepta avec un léger sourire.

Bien sûr !

Il rassembla toutes les noisettes puis les fit rouler jusqu'à lui grâce à son bras. Il prit l'une d'entre elle dans sa paume.

Son regard émeraude clair se partageait entre le fruit et le casse-noisettes pendant quelques instants, puis il s’exécuta.

Les noisettes, une à une, se cassaient sous la pression portée sur elles par le sorcier d'un petit « crac » caractéristique.

Le jeune homme était comme libre de pensées, la situation présente, aussi simpliste soit elle, lui faisait une énorme bien. Cela faisait déjà quelques temps qu'il ne s'était pas senti aussi serein intérieurement.

Dans sa tête, à la place des pensées habituellement noircies par son esprit sombre, se répétaient quelques uns de ses morceaux musicaux préférés.

Il avait vécu une partie de sa vie à chercher le bonheur sans succès. Il n'a jamais vraiment cru qu'il le trouverait un jour...

Et pourtant. Il était là, assis sur un banc inconfortable... Il cassait des noisettes. Mais il se sentait bien... C'était aussi simple que ça... Le bonheur qu'il avait cherché, il le trouve en partie ici... Dans une sombre cuisine, accompagné d'une mystérieuse sorcière.

Désormais, il ne restait plus quelques noisettes intactes à sa gauche, alors que le petit tas formé par les noisettes déjà ouvertes à sa droite était devenu assez imposant.

Elle travaillait dans le plus grand silence, elle triait rapidement, passant certaines baies et fruits sous son nez pour en découvrir l'odeur et un appercu de saveur...

Elle posait tantôt a gauche tantot a droite, parfois elle jettais pêle mêle dans le grand saladier.
Les baies qu'elle posait a sa droite étaient petites et pourpres, dégageant une forte odeur sucrée, celles a sa gauches étaient les mêmes que celle qu'elle avait observé il y a peu de temps... un peu plus grosse a l'odeur épicée.

une fois qu'elle eut mis de côté toutes celles-ci, elle commença a couper les fruits un peu plus volumineux, les jettant par morceaux dans le saladier.
Son visage blanc remuait tandis qu'elle semblait surveiller les mouvements de ses mains...

*Mais qu'avons nous là...? *

Nyrah ne releva pas...

*Réponds soeurette... Sinon je vais me facheeeer.*

Le même silence fit échos a la demande "chantante" de Syan.
Nyrah continuait a oeuvrer en silence, comme happée par la tranquilité de l'instant.

Une fois tous les fruits lavés, coupés et réunis dans le saladier, elle s'autorisa une breve pause afin de réfléchir.

*Et maintenant...? Tu ne m'as pas répondu ! *

Et elle ne relevait toujours pas... Sa propre conscience commença a la mettre en garde mais, blasée et fatiguée d'avoir a se justifier continuellement, elle mit de côté cet avertissement.

Tournant la tête a droite et a gauche elle repèra sur un vaisselier un mortier dont le pilon de porcelaine sortait sa petite tête ronde du récipient.
ramenant l'objet a la table elle resta un instant interdite... Puis:

Mh... Savez vous ou nous pourrions trouver du sucre ?

Elle avait une idée... Mais il lui fallait du sucre.

[HRP]Je pars en vacances, je te dis a bientot pour la suite ^_^ ( et bisou a tous) [/HRP]

Les noisettes continuaient à se casser à un rythme presque constant. Une fois la dernière ouverte, le sorcier réordonna le tas à présent volumineux de fruits ouverts d'une manière assez maniaque.

Il s'étira longuement avant d'observer les recoins de la pièce une nouvelle fois.

Lorsque le sorcière évoqua le sucre, la simple image de cet ingrédient agita l'estomac du magicien. Il n'avait pas faim, mais sa gourmandise le rongeait.

Il répondit à son interlocutrice avec un ton léger.

Oui, il me semble en avoir aperçu dans la réserve. Je reviens !

Il sortit des cuisines, faisant glisser la porte si bien huilée une nouvelle fois.

Quelques bribes de pensées noires reprirent son esprit lorsqu'il passa devant la décoration si monotone du château, mais il se pria de ne penser à rien et de profiter de cette soirée.

Il prit une bonne poignée dans un énorme sac rempli de sucre, qu'il transporta jusque dans une petite bourse en soie, semblable à celles que l'on utilise pour transporter les pièces de monnaie, puis commença le chemin qu'il avait emprunté juste avant dans le sens inverse.

[...]

Une dizaine de minutes plus tard, bien plus de temps qu'il n'en fallait pour faire ce petit aller-retour, il repoussa la porte de la cuisine et entra dans la pièce d'un pas lent et singulier. Il regardait droit devant lui, le regard complètement vide.

Il tenait fermement la bourse dans la main gauche. Elle avait perdu un peu de son volume.
Entre l'index et le majeur de sa main droite logeait une magnifique plume d'un noir si sombre qu'on avait l'impression que la plume capturait la lumière autour d'elle.

Le sorcier resta immobile un court instant avant de cligner des yeux pour reprendre ses esprits.
Il s'avança jusqu’à Nyrah pour lui tendre la bourse.

Voilà du sucre.

Il se rassit à la même place qu'auparavant.

Il scrutait la plume dans tous les sens, tout en la caressant avec précaution de l'autre main. Il était en pleine réflexion, et son visage laissait apparaître succinctement quelques expressions, d'inquiétude comme de bonheur, représentatives de ses pensées.

Il semblait en avoir oublié la raison de sa présence dans les cuisines.

Quand elle vit revenir aZn, il était clair que quelque chose avait changé...
Au moment ou il tendit le sucre, elle le saisit sans un mot, scrutant d'un regard limpide le visage du sorcier.

Finalement elle se détourna bourse en main vers la table de travail.
Elle avait froncé les sourcils un instant mais de nouveau son visage était serein... Pourtant a l'interieur, quelque chose semblait bouillir.

D'ordinaire Nyrah aurait fait fi de ce temps d'absence et de l'expression qu'elle avait décelé sur le visage du jeune homme, retournant simplement a ses occupations avec cette sorte de stoicisme dérangeant qui la caractérisait... Mais cette fois, une serre semblait tenailler ses entrailles sans pour autant que son visage n'ait ne serait-ce qu'une once d'expression.

Après tout, ça ne la regardait pas...
La sorcière saisit une poignée de noisettes et les laissa tomber dans le mortier, écrasant ensuite consciencieusement les fruits sec dans un bruit régulier de craquement. Quand elle en eut "moulu" une bonne quantité, elle vida le récipient de porcelaine dans un bol et ouvrit le sachet de sucre du bout des doigts... Puis elle en versa un peu dans le mortier, avant d'y ajouter quelques baminuscules baies rouges sombres et odorantes.

Le mouvement du pilon transforma bientot les ingrédients en un liquide pourpre et épais d'ou s'éxalait l'odeur des baiesque Nyrah avait choisies.
Enfin elle versa le contenu du mortier dans le bol rempli d'éclats de noisetes avant de mélanger avec une grande cuillère en bois.

Ceci fait elle s'arrèta, comme si une nouvelle fois le mécanisme qui la maintenant en mouvement s'était arrèté.
Elle contemplait la salade de fruit et le coulis baie noisette avec une sorte de perplexité qu'on aurait pu dire infantile... Mais en fait, elle pensait a tout autre chose.

Elle attrapa deux autres bols sans ménagement ni brusquerie, les disposant tous deux sur la table puis servit machinalement avant de s'arrèter une seconde fois.

*oh ma soeur fait la cuisine, comme c'est touchant !*

Mais Syan fut ignorée une nouvelle fois. Nyrah avait autre chose en tête.
La jeune femme se tourna vers le sorcier et posa un des bols près de lui.

Il y a un problème ?

Le regard observateur du magicien, toujours rivé sur la plume, s'était détaché de celle-ci pendant une fraction de seconde, à peine le temps qu'il fallait pour apercevoir le bol que Nyrah avait posé à côté de lui.
Ses yeux émeraudes se posèrent à nouveau sur la plume noire.

Bien qu'il était reconnaissant envers la sorcière d'avoir préparé cela, il était bien trop absent pour le montrer. Il lança un « merci » sans aucune expression sur son visage.

Il répondit à la question posée par la sorcière sans vraiment y répondre, fixant toujours la plume du regard. Sa voix avait un ton assez énigmatique, et ses phrases étaient coupées par de nombreux arrêts.

Cette plume...

Il la ramena jusqu'au bout de ses doigts.

Connaissez-vous les Anges Noirs ?... C'est une alliance mystérieuse... qui ne fait pas parler beaucoup d'elle. Mais en fait...

Il reprit la plume comme avant, pour la caresser avec précaution.

...elle regroupe la plupart des personnes les plus puissantes de mon royaume.

Il ne put s'empêcher de penser à Syan, qui n'avait pas oublié de souligner sa propre puissance au sorcier.

Ils offrent une plume comme celle-ci à ceux qui sont dignes de les rejoindre...

Il se recroquevilla un peu sur lui-même, amenant ses jambes sur le banc, contre sa poitrine.

Mais aussi...

Il prit le bout de la plume du bout des doigts pour l'amener un peu plus haut.

...à leurs futures victimes.

Ses doigts s'écartèrent, laissant retomber délicatement la plume sur la table, à côté du bol.

Le sorcier, alors qu'il racontait cela, bouillonnait intérieurement, et ses pensées étaient ailleurs. Il pensait à la signification de cet événement, et au changement radical que sa vie allait subir d'ici peu.

Comme si de rien était, il se détendit, ramena le bol juste devant lui et goutta une cuillerée sans un mot. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, et ses yeux se posèrent enfin sur la Mizu. Sa voix avait littéralement changé depuis, et était devenue, comme avant, presque amicale.

C'est délicieux ! Vous êtes très douée !

Puis il replongea sa cuillère en bois dans la mixture avec la fervente intention de finir son bol.

La jeune femme écoutait sans rien dire, la mine comme au naturelle posée et le visage immobile.
Quand aZn eu répondu a la question elle posé son regard acier sur la plume noire... Mais cette fois encore rien ne paraissait chez elle emu un tant soit peu... Mais dans son esprit, de vagues interrogations semblaient effilocher ses pensées, les ramenant toujours a cette plume; signe d'un étrange présage.

Elle en aurait même oublié son bol si les gargouillement de son estomac ne le lui avait rappelé.
Elle mangea en même temps que le sorcier, répondant d'un bref "merci" au compliment qu'il lui avait fait.

Quand elle l'eut fini, elle posa son bol sur le bord de la table, laissant ensuite tomber la cuillère en bois a l'intérieure.

Et maintenant? Que va-t-il se passer ?

Elle avait fait un pas vers le sorcier mais avant qu'elle ne puisse aller plus avant...

*t'approche pas!!! Arrète de m'ignorer au profit de cet insecte répugnant!!! Je vais te faire payer ça comme tout le reste et LUI paiera avec toi!*

l'invective était venimeuse et donna à la jeune sorcière le vertige... Elle se radossa a la table, faisant vaciller le bol qui se brisa en atteignant le sol.
Cela fit remonter a son esprit un fort sentiment de déja vu et un bruit de brisure qui lui était familier.

Elle passa une main sur son visage, une perle de sueur froide colla une mèche blonde sur sa tempe... Puis elle releva la tête, adoptant de nouveau une posture parfaitement neutre.
La jeune femme se racla la gorge avant de reprendre.

Je... Tout va bien.

elle secoua la tête comme si elle cherchait a se sortir d'un rêve, adoptant finalement l'attitude que Nyrah aurait adopté... Impossible de dire qu'alors ce n'était pas elle.

Elle semblait remise de ses émotions, elle poursuivit:

Donc... Maintenant ?

Le bruit du bol qui se brisa contre le sol rappela au magicien un souvenir très proche, celui de l'intervention de Syan.
Pendant un court instant, il voulut évoquer cet événement en plaisantant mais oublia très vite cette idée qui était sans aucun doute la plus mauvaise qu'il ait eue depuis bien longtemps.

Mh... Maintenant...

Son regard s'était enfin détaché de cette mystérieuse plume.
Apparemment, ce repas silencieux lui avait permis de prendre un peu de recul sur les choses et de se calmer.

Il jouait désormais avec, mais toujours avec précaution. Son regard se perdait dans tous les recoins de la salle, et il parlait, comme à son habitude, d'un ton calme et posé.

Inutile de rentrer dans les détails, mais je n'ai aucune raison d'être une de leurs victimes.

Il s'arrêta un instant, le temps se retirer du banc inconfortable et de s'étirer longuement.

Non... Je dirais plutôt que je vais goûter à la vie des anges...

Des sentiments à la fois de joie et de tristesse s'entremêlaient dans son esprit. Ce changement de style de vie allait chambouler tellement de choses en lui qu'il ne s'en rendait même pas compte lui-même.

Il s'approcha de Nyrah, regardant son visage sans un mot, puis prit son bol et autres instruments qui avaient servi et se dirigea vers un grand bac d'eau pour les laver sans vraiment s'appliquer, les sécher à la va-vite et les ranger.

Il reprit le réponse qu'il avait laissé en suspens, essayant de regarder la sorcière dans les yeux sans montrer son éternelle gêne due à sa timidité.

En fait... Nous avons un point commun, désormais.
... Ou alors nous sommes l'opposé... Cela dépend des visions des choses.

Il marqua un bref arrêt pour parler à voix encore plus basse qu'à l'accoutumée.

Tous deux, nous répandons la paix...

Il baissa les yeux, se répétant pour une énième fois à lui-même à quel point il était pathétique. Il se demandait enfin qu'est-ce qu'ils pourraient faire désormais dans ce château désert, en plein milieu de la nuit.

Gouter a la vie des anges... Ca veut dire abandonner la garde noire...?

Syan jouait parfaitement son jeu et même si son visage ne le montrait pas, prenait plaisir a usurper l'identité de sa soeur... Dans quel but? Ce n'était pas dur a deviner, ni a réaliser... Si elle pouvait nuire a Nyrah de n'importe quelle façon elle le ferait.
Avait-elle un plan ? Peut-être, Peut-être pas encore mais si c'était le cas, cela ne saurait tarder.

Elle gardait son sourire ironique dissimulé derrière un masque qui n'était pas le sien avec une dangereuse facilité.
Syan fit un pas vers aZn, laissant derrière elle les bris de porcelaine éparpillés au sol.

Vous même avez choisi ? ou bien est-ce eux qui vous ont choisi ?

Elle inclina le visage comme souvent le faisit Nyrah, regardant le sorcier sans expression interrogative malgré la question qu'elle venait de poser.
Qu'allait-elle faire ensuite ? Qu'aurais donc fait Nyrah?

La jeune femme se tût, laissant un regard d'eau claire sonder les pensées du jeune sorcier.

Ses yeux... Elle le savait la moindre émotion trop forte leur rendrait le regard sombre et oxydé des iris de Syan. Alors, elle se garderait bien de trop en faire... Jusqu'a un certain point.

Il avait beaucoup plus envie de parler depuis quelques instants. Cela était sûrement dû au fait qu'il était enfin assez heureux de ce que venait de se passer.
Sa vie allait changer, il allait goûter à plus de liberté, donc moins d'obligations.

Le sorcier répondit d'une voix calme et posée, comme à son habitude.

Bien sûr. Je l'aurais quittée tôt ou tard, c'est juste arrivé plus vite que je ne le pensais. La Garde Royale... Servir la souveraine, servir son peuple... C'est assez. Je vais vivre selon mes envies désormais.

Il passa sa main dans ses cheveux sombres pour les recoiffer un peu, tout en continuant de parler.

Etre réduit au statut d'esclave pour donner une bonne image de soi, avoir un haut rang... C'est pathétique. Mon bonheur ne se trouve pas ici.

Il repensa à Syan qui avait employé le même mot que lui à ce sujet alors qu'ils étaient dans la taverne.
Il n'avait pas bronché à cette provocation, car il approuvait l'utilisation de ce terme.

Le magicien continua de parler, répondant à la deuxième question de celle qui était pour lui Nyrah.

Ce sont les anges qui choisissent ceux qui sont dignes de les rejoindre, et non le contraire. Mais c'est avec plaisir que j'accepte cette proposition.

Ayant fini de parler, il repensa à nouveau à ce qu'ils pourraient faire maintenant.
Vu l'heure, il n'y avait que très peu de réponses à la question. La seule idée qui lui vint à l'esprit le gênait considérablement, mais y avait-il vraiment autre chose à faire ?

Il reprit la parole, essayant de masquer sa gêne mais en vain.

Nous... Nous pourrions aller dans mon hôte. Vous pourriez y prendre un bain et vous reposer avant de rentrer chez vous.

Le sorcier lui avait proposé ce genre de séjour au château mais, se rappelant son état lorsqu'il était seul chez lui, il préférait la savoir proche de lui tant qu'elle était à l'intérieur des frontières du royaume Reikon.

Elle faillit laisser paraitre son étrange sourire mais elle se ravisa, rien plus que ça ne la ferait repérer et il fallait absolument que la supercherie dure.

La perspective de duper aZn était pour elle jubilatoireet rester de marbre lui était une torture mais ce qu'elle avait en tête semblait pour elle plus important que tout... Et la proposition d'aZn pouvait parfaitement servir ses desseins.

Syan remarqua la gêne du sorcier et une deuxième fois failli sourire de plus belle.

*gêné... C'est adorable... J'aurais presque des regrets a... hum, presque*

Syan hocha la tête a la façon d'une petite marionette blanche avant de répondre au sorcier.

C'est une bonne idée, allons-y.

Ensuite elle resta fixe, attendant le départ du jeune hommme pour le suivre.

Qu'avait-elle en tête... Qui aurait pu le savoir ?

Il regarda autour de lui pour vérifier qu'il n'avait rien oublié, même s'il savait très bien que ce n'était pas le cas.

D'accord... Partons...

Il ouvrit la porte et la refermât derrière Nyrah avant de commencer le chemin jusqu'à l'entrée du château. Alors qu'ils sortaient par la lourde porte d'entrée, le magicien se demandait comment allait se passer le reste de cette nuit.
C'était, certes, une situation qu'il n'avait jamais connu auparavant.

La neige tombait toujours, mais beaucoup moins abondamment que la dernière fois qu'il avait pu apercevoir l'extérieur par la fenêtre de la chambre numéro sept. Le vent s'était également adouci.

L'absence d'étoiles dans le ciel rendait la nuit la plus noire possible et, malgré l'épaisse couche de neige au sol, il était dur de s'y retrouver. A la sortie de la ville, le sorcier prit la parole, toujours d'une voix qui était à peine audible.

Je n'habite pas en ville... Etonnant pour un ancien lieutenant de la Garde royale, non ?

Pour lui, même le fait d'engager la conversation était difficile. En plus, il n'arrivait toujours pas à se calmer en imaginant ce qui pourrait se passer pendant cette nuit.

Je vis dans les montagnes enneigées, à l'extrême est de notre Royaume... Ce n'est pas facile d'y vivre, en partie pour les provisions, ce genre de choses... Mais ça ne me dérange pas. J'ai le calme, c'est tout ce qui m'apporte.

Il s'étonnait lui-même à parler de sa personne comme si de rien était. Jamais il n'avait fait ça auparavant, ou du moins, pas avec quelqu'un qu'il ne connaissait que depuis quelques heures.

Encore une dizaine de minutes de marche, et nous y serons...

A cet instant, il pensa tout bêtement à sa fidèle licorne. Il s'en prit à lui-même une fois de plus, se rappelant à quel point il se dégoûtait.

Syan marchait en silence, le froid semblait l'atteindre sans la gêner vraiment et elle frissonnait sans le ressentir... Au fond d'elle la jeune femme bouillonnait.

Quand le sorcier parla, elle tourna son visage vers lui, retournant dans sa tête les diverses possibilités qui s'ofraient a elle maintenant... Elle décida d'attendre... Attendre encore.

*il parle sans crainte... *

Cette perspective l'horripilait car cela voulait dire que quelqu'un avait finalement donné un peu de sa confiance a cette stupide soeur au visage inexpressif et diaphane... Mais cela voulait aussi dire qu'elle n'était pas encore découverte...

*encore dix minutes... Attendre encore... *

Elle semblait écouter le sorcier tout en conversant avec elle même, ele posa même une question, question que Nyrah aurait fort bien pu poser a sa place...

Pourquoi vous être engagé dans la garde royale alors...?

Elle choisissait ses mots avec soin, parlant de la même voix posé que sa soeur. Pour l'instant, tout lui semblait plus que facile et au finale... Tout cela l'enchantais... Elle allait pouvoir faire souffrir sa soeur... Et peut-etre aussi l'irritant petit prince.